- Auteur : ODDO BHF Date : 10/10/2023 Lecture : 2min.
450 licenciements chez Sophos mi-janvier, 300 chez Lacework en mai dernier, près de 1000 chez OneTrust… Depuis un an, les licenciements se sont multipliés dans les entreprises américaines de cybersécurité. Pas de quoi s’inquiéter, selon Alain Bouillé, délégué général du Cesin, le Club des experts de la sécurité de l’information et du numérique. Pour lui, ces licenciements ne reflètent absolument pas l'état de santé du secteur, florissant depuis la crise sanitaire. En France, le problème est plutôt inverse :"Plusieurs dizaines de milliers de postes ne sont pas pourvus", rappelle-t-il.
L'Usine Digitale : Ces annonces de licenciement dans le secteur de la cybersécurité vous inquiètent-elles ?
Alain Bouillé : Je ne suis pas très inquiet de ces chiffres, qui montrent surtout la façon dont les actionnaires pilotent leur entreprise, à grands coups d’embauches et de licenciements en fonction du cours de la bourse. Dans l’économie américaine, la variable d’ajustement la plus simple à actionner est la masse salariale. Il n’y a aucune raison que les fournisseurs de solutions cyber échappent à cela. Quand une entreprise licencie des milliers de personnes, cela ne veut pas dire que sa technologie est "has been", mais qu’il y a peut-être un trop-plein d’investissements, de R&D, des coûts qui diminuent les revenus des actionnaires... On est la plupart du temps sur du court-termisme, il n’y a pas de lien avec la technologie développée par l’entreprise.
Ce qui m’interpelle davantage, c’est qu’il y a bien eu une évolution dans les produits proposés : certains, qui avaient le vent en poupe il y a quelques années, ne l’ont plus maintenant. Si vous regardez les résultats du dernier baromètre du Cesin, l’engouement est bien présent si vous êtes fabricant d’EDR ["Endpoint detection and response", un logiciel de détection des menaces informatiques, ndlr] ou de MFA [authentification multifacteurs, ndlr].
Les EDR supplantent les anti-virus classiques. Ces outils se développent considérablement, tous les auteurs de ces outils embauchent à tour de bras. Aussi, quand une boîte dit : "Je licencie 1 000 personnes ici, 500 là", je ne suis pas très inquiet. Il y a un principe de vase communicant avec ces technologies en plein essor.
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